Mort

PRUDENCE

De son pas délicat, elle s’avance ;

De tout son art, elle en fait aisance ;

Sur la pointe des pieds devant nous passe,

 Et sans bruit, devant nos yeux s’efface.

L’oiseau à terre est blotti au sol.

Proche de l’homme, le papillon s’envole,

Et la fleur dissimule ses épines.

 Gracieuses sont les blondes félines

 Qui en on fait une arme perfide.

 Cachée sous sa robe d’un noir fluide,

 Elle tient dans sa main la lame maudite.

Juste elle paraît à ce qu’elle évite.

 De son geste ralenti elle vise,

Et telle une leçon morbide la révise.

 Mais fatal est le coup de grâce.

Longues paraissent les secondes qui la remplacent.

Puis, petit à petit, le temps l’oublie,

Pour la laisser se noyer dans la nuit.

Derrière son ultime passage,

Elle ne laissera comme trace

Qu’un corps abandonné de son âme.

Nathalie Lebœuf 2004